Illustration peau

Le Moi-peau fonctionne comme une interface : notre pensée se construit comme une enveloppe et la peau est influencée par cette enveloppe. Trop rigide, elle étouffera le Moi; trop souple, le Moi manquera de consistance. La maladie de la peau exprime mais aussi subit les états du Moi.

Une ébauche de Moi-peau est préparée par les toutes premières expériences sensorielles. Ce pré-Moi permet la réception et l’émission des premiers signaux et l’exploration de l’environnement à la recherche de stimulation. A ce stade on peut donc déjà parler de deux enveloppes, l’une d’excitation, l’autre d’inscription. Deux enveloppes, deux feuillets : « l’un externe fait des messages de l’extérieur et qui s’ajuste autour d’un feuillet interne, à la surface du corps (…), lieu et instrument d’émission de messages ».

Portrait de Didier Anzieu

Didier Anzieu précise que la première enveloppe n’a rien d’abstrait pour le tout petit. Elle est pour lui « une représentation concrète qui lui est fournie par ce dont il fait l’expérience sensorielle fréquente, à savoir la peau, une expérience sensorielle infiltrée de fantasmes ». Par la suite, « le développement des autres sens est rapporté à la peau, surface fantasmée “originaire” ».

En effet, la peau possède un « primat structural » sur les autres sens, elle contient elle-même plusieurs sens distincts « dont la proximité physique entraîne la contiguïté psychique ». Elle est surtout le seul organe des sens doué de réflexivité : je peux ressentir deux toucher en même temps lorsque je pose une main sur une partie de mon corps.

Portrait de Sigmund Freud

Pour étayer cette théorie, on peut citer Freud : « Le Moi est avant tout un Moi corporel, il n’est pas seulement un être de surface, mais il est lui-même la projection d’une surface ».

 

Il dérive « des sensations corporelles, principalement de celles qui ont leur source dans la surface du corps ».

Le Moi-peau est ainsi le « parchemin originaire (…) d’une écriture préverbale faite de traces cutanées ».

Cette théorie améliore donc la compréhension psychosomatique de la situation vécue par le patient dans les problèmes dermatologiques.

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