La consultation Psychologique à La Roche-Posay.

Elle a dʼabord été pensée pour les patients souffrant de lésions cutanées graves (brûlure), orientée vers le soutien et lʼécoute du vécu de la maladie. Aujourdʼhui on compte 400 consultations par an dont la moitié d’enfants. La consultation est familiale le plus souvent possible, pour rencontrer lʼenfant dans sa famille. Le travail a lieu en collaboration avec lʼéducatrice spécialisée pour le groupe de dessin parent-enfant et pour lʼatelier de pommadage. Il s’accompagne  de la formation du personnel, sensibilisation et réflexion sur la pratique.

L'enfant atopique et ses parents.

La consultation sʼintéresse au vécu de la maladie, ses contraintes, conséquences psychologiques complexes, ambivalentes pour l’enfant. Il sʼagit dʼune maladie qui se voit, qui semble faire signe, vite prise dans l’interprétation des adultes: « c’est psychosomatique » veut alors dire « c’est de ta faute ». On peut même parler de bénéfice secondaire des contraintes de traitement, en termes de temps passé avec l’enfant et des éventuels effets sur la fratrie (jalousie en particulier). Certaines répercussions du symptôme échappent à l’enfant : elles peuvent se jouent dans le conflit familial dans lequel est pris l’eczéma. Il faut aussi évaluer lʼinfluence (soustraite à la volonté de l’enfant) des facteurs psychoaffectifs sur l’évolution de sa maladie.
Et ne pas oublier que ce n’est pas juste avoir mal au ventre avant une interrogation. Ca se voit, peut s’infecter…

 

Comment sortir de la « Psychosomatique » du grattage pour les parents / démangeaison de la peau de l’enfant. « Il se gratte quand on le contrarie, pour nous influencer ». Les parents sont devant une grande difficulté éducative : avec lʼintrication concrète de la maladie dans les rapports parents-enfant, quelle attitude adopter? Car l’enfant, lui, dit qu’il se gratte parce que  » Ca le démange ». Celui dont la peau va saigner, que les copains vont interroger du regard, qui ne pourra pas se baigner… c’est lui. Et même si parfois un conflit interne sous-jacent alimente un comportement plus volontaire ou avive la réactivité de la peau. Lʼintérêt de la consultation familiale est de faire la part des choses, remédier, expliquer, analyser.

 

Comment comprendre la « Psychosomatique » des nuits. La problématique du sommeil est exacerbée par la fatigue. On rencontre des situations d’épuisement des parents. Et on ne peut les résumer en termes de séparation et l’autonomie. L’investigation psychologique permet de faire un point approfondi sur les enjeux affectifs, difficultés de séparation et d’autonomie pour les parents comme pour l’enfant. Et de voir comment l’eczéma complique la situation familiale. Exemples de la maman ne s’endormant pas, semblant attendre l’appel de l’enfant;  du papa n’arrivant pas à s’occuper de la peau très marquée de son enfant; de l’enfant préférant se faire pommader; de l’enfant psoriasique sauf en colonie de vacances.

 

La consultation psychosomatique de l’enfant atopique est donc celle de l’écoute du vécu individuel et familial de la maladie. Elle doit aussi permettre de laisser se comprendre ce qui échappe à la volonté de tous, ce qui est inconscient, sans interprétation verrouillante, avec tact.

L'enfant atopique et ses parents.

La consultation écoute là aussi le vécu de la maladie. Mais l’adulte, sujet autonome, vient demander si ce qui lui arrive est psychosomatique, si une psychothérapie l’aidera à guérir sa dermatose. Intérêt alors dʼentendre l’histoire de la maladie et de comprendre l’histoire du malade. Il existe une infinie variété de tableaux cliniques, depuis la maladie dont l’investigation psychosomatique ne retiendra rien jusquʼau déclenchement précis lors d’un événement traumatique (typiquement décès). Lʼinfluence des facteurs psychologiques manifestes est très différente selon les sujets. On rencontrera en particulier des difficultés lors des situations où la causalité psychosomatique est paradoxale (ex de la nouvelle relation amoureuse qui se passe bien mais coïncide avec déclenchement du psoriasis). Ici, comme pour lʼenfant, cette causalité est soustraite à la volonté du patient. Il sʼagira de laisser la possibilité au sujet de comprendre ce qui lui arrive sans l’interpréter « sauvagement ».

 

Penser la causalité psychosomatique lors des entretiens avec l’adulte renvoie aux mécanismes inconscients, non volontaires. Les enjeux psychiques peuvent être paradoxaux. L’événement qui coïncide avec le déclenchement peut n’être qu’un épiphénomène dans une série d’autres mais aboutir à un effet d’accumulation. La temporalité peut être très éloignée de la réalité. Un événement peut en représenter un autre.

 

La consultation psychosomatique s’attache donc à ouvrir des possibilités de compréhension par le patient lui même : prendre conscience de ce qui peut influer sur sa maladie et de ce que sa maladie peut avoir comme répercussions psychologiques. Il sʼagit de démêler l’éventuel psychosomatique de l’inévitable somatopsychique.

 

Point Presse février 2007.